Le droit à l’excellence
A-t-on, en France, le droit d’être excellent ? Est-il bien vu de réussir ? Je parle là de réussites individuelles. Comment suis-je considéré si je n’ai aucun sujet de plainte ? Ma réussite fait-elle de l’ombre à celle des autres ? Ce sont là autant de questions que j’ai pu me poser plus ou moins implicitement depuis une dizaine d’années et je m’interroge encore. J’ai le sentiment que beaucoup sont dans une relation d’amour-mépris vis-à-vis de la réussite et qu’est-ce que c’est malsain ! Je l’ai moi-même expérimenté et ce dès mon plus jeune âge, à l’école, car c’est bien durant cette période et notamment dans ce lieu de vie que tout se construit.
L’exemple du système scolaire français : je t’envie, je te déteste.
Avant de commencer, je tiens à préciser que dans le système scolaire français, les notes sont encore aujourd’hui considérées comme un indicateur de réussite. Bien que cela tende à changer (enfin je crois…), cette idée reste bien ancrée dans l’imaginaire collectif. En ce qui me concerne, je sais désormais que ces notes indiquent plutôt à quel point on est parvenu à s’adapter au système scolaire. Système qui a jusqu’alors favorisé les individus dotés d’une intelligence linguistique et mathématique. (Si t’es plutôt doué en musique, arts plastiques, ou pour interagir avec les autres – alias bavardages – ben manque de bol pour toi, faudra que tu sois bon en français et en maths ! D’ailleurs, faut que tu aies la moyenne dans touuutes les matières. Parce que c’est ça le but de notre vie après tout : soyons moyens en tout ! OSEF que tu sois un spécialiste de quelque chose, deviens moyen partout ! hum je caricature à moitié.)
Revenons donc au sujet. Ce système scolaire, je l’ai bien observé et je l’observe encore. Aujourd’hui en tant que prof, hier en tant que « bonne élève » ou dans un langage plus insultant en tant qu’ « intello ». Vous voyez, n’est-ce pas, ce genre d’enfant qui AIME l’école, qui adore apprendre tout un tas de choses tout le temps et qui se retrouve généralement face à une majorité ayant enclenché son mode J’en-ai-rien-à-faire ou Je-ne-sais-pas-ce-que-je-fiche-ici.
Dans la catégorie des bons élèves (allons-y à fond sur les étiquettes !), il y a ceux qui cherchent à tout prix à se faire bien voir des enseignants et qui, de ce fait, se font lyncher par le reste de la classe. Je ne faisais pas partie de ceux-ci car 1) je ne voulais pas me faire détester. 2) je ne voulais pas qu’on me jalouse. Car c’est bien cela qui se joue en réalité. Gardez à l’esprit qu’ici, ce sont les résultats de l’élève qui sont un indicateur de réussite.
Petite anecdote. Un jour, alors que je remettais des diplômes de Félicitations, une élève dit « C’est pas juste ! pourquoi on en a pas eu ? Ça se fait pas. » Je lui explique qu’on obtient ce diplôme en fonction des notes et de l’attitude en classe. Sa réaction, quelques minutes plus tard : « toute façon, je m’en fiche ! » Hmmm OK ! Qu’est-ce qui se joue ici ?
D’un côté, j’aimerais bien faire partie de ceux qui réussissent, mais d’un autre côté, ça m’agace de les voir réussir parce que ça me rappelle que je suis en échec. En quoi la lumière des autres m’empêche-t-elle de briller moi aussi ? Et le pire dans l’histoire, c’est que même les adultes sont dans cette logique. Quand certaines personnes critiquent ceux qui ont un mode de vie qui est pour eux symbole de réussite (belle voiture, grande maison, mariage…) allant jusqu’à les traiter d’ « aristocrates » alors que pendant ce temps, elles rêvent d’une vie similaire, c’est quoi leur problème ?! Tu les détestes pourtant tu veux leur ressembler, explique-moi !
La honte du succès
N’ayant pas trouvé moi-même de réponse à cette question, je poursuis mon raisonnement. Je faisais donc partie de cette deuxième catégorie de bons élèves qui ne cherchaient pas à se faire voir et qui, par conséquent, se montraient relativement discrets. Mais cette posture, bien que prudente, m’a permis de me rendre compte d’une chose : il est possible d’avoir honte d’être excellent, d’avoir honte du succès. A-t-on déjà entendu pareille chose ? Je vais te dire comment la honte du succès s’exprime.
Elle se dit : « OK je connais toutes les réponses de cet exercice mais je ne vais pas lever la main trop de fois pour qu’on ne dise pas que je sais tout ou que j’essaie de me faire bien voir. »
La honte du succès cache son 18/20 parce que la moitié de la classe n’a pas eu la moyenne à cette évaluation et est en train de dire au prof que c’était trop difficile.
Elle trouve presque indigne de se réjouir de sa réussite pendant que d’autres pleurent leurs erreurs.
La honte du succès n’affiche pas trop ses connaissances et évite de parler dans un langage châtié car elle ne veut pas qu’on pense qu’elle se croit supérieure.
La honte du succès tente de se faire passer pour médiocre mais pas trop quand même.
La honte du succès est dans la retenue parce qu’elle tamise sa lumière à longueur de temps. Parce que ce n’est pas bien vu d’être trop brillant. Faut rester dans la moyenne pour se sentir accepté du groupe.
La plainte, c’est comme une salade qu’on touille indéfiniment.
En parlant de cette fameuse « moyenne », je crois que l’un des ciments du groupe est la PLAINTE. Oh la fameuse ! Que ferions-nous si nous ne pouvions nous plaindre ? Aurions-nous quelque chose en commun ? J’en discutais une fois avec une amie et on remarquait que parfois, quand tout le monde autour est en train de se plaindre, on se met inconsciemment à chercher nous aussi un sujet de plainte pour poursuivre la discussion avec le groupe. C’est une manière de se soutenir. On se dit alors « Regarde, moi aussi c’est la galère dans ma vie. » ou « Ah oui, je te comprends, si j’étais à ma place, moi aussi ça m’aurait énervé ». A la fin de ce type de discussion, tout le monde est frustré et aigri et on n’a même pas forcément trouvé une solution au problème initial ! Alors oui ça soulage, c’est certain… Cela nous donne le sentiment d’être unis. (Dans la misère mais unis quand même.)
Et si nous arrêtions de nous plaindre, que nous resterait-il ? Eh bien nous n’aurions plus qu’à nous bouger ! En vérité, la plainte est le meilleur moyen de se maintenir dans la situation problématique. C’est comme s’amuser à touiller une salade pendant plusieurs heures alors qu’on a faim et ne jamais se dire qu’au bout d’un moment faudra la mettre dans une assiette pour commencer à manger. Vas-y que je rajoute de la vinaigrette et je mélange encore ! Pendant ce temps, je meurs de faim ! « – Allez, mange un peu ça ira ! – Non, j’ai pas fini de touiller. »
Arrêtons ce cinéma ou assumons qu’en réalité nous n’avions pas si faim que ça…
Voilà donc les sales habitudes qui nous empêchent de réussir :
- Me plaindre au lieu d’agir.
- Jalouser ceux qui réussissent au lieu de m’en inspirer.
- Me complaire dans la médiocrité parce que c’est plus facile que de chercher à m’améliorer.
- Diminuer les autres au lieu de tenter d’élever mon propre niveau.
- Voir la réussite de l’autre uniquement comme le reflet de mon propre échec.
- Ne pas assumer mon désir de réussir pour ne pas me mettre le groupe à dos.
- Ne pas me montrer aussi brillant que je le suis par fausse modestie.
Le but n’est pas d’entrer en compétition avec les autres ni de débuter une guerre d’égo, ni de chercher une gloire personnelle (Orgueil, je te vois !). Le fait est que, par votre réussite personnelle, vous pouvez inspirer d’autres personnes et instaurer une dynamique de développement. C’est-à-dire que par votre attitude, certains se diront « S’il/ si elle a pu le faire, moi aussi j’en suis capable ! » Et vous allumerez ainsi d’autres flammes qui en allumeront d’autres et ainsi de suite. Mais le point de départ, c’est VOUS !
Peut-être ai-je été un peu virulente dans cet article mais il se trouve que la vie est trop courte pour gaspiller son potentiel donc je préfère être claire et directe.
Plus que jamais, va et brille ! ✨✨
With LauuV’…
Si seulement, si seulement cette génération aimaient prendre la peine de lire ils apprendront plus d’un dans ce condensé message, le fruit d’une réelle et vraie observation, j’atteste. Je trouve ton article Sublime chère Laury
« Dans le système scolaire français, comme tout les pays colonisé par la France je complète, les notes sont encore aujourd’hui considérées comme un indicateur de réussite. » Espérant aussi vraiment que cela puisse changez un jour, car ce que j’ai pu observer est que ceux qui réussissent leurs vies sont ceux qui ont échoué dans ce système et le contraire est majoritairement une réalité que nous côtoyons!
« Si t’es plutôt doué en musique, arts plastiques, ou pour interagir avec les autres – alias bavardages – ben manque de bol pour toi, faudra que tu sois bon en français et en maths ! » ha haha sourire…. Triste quand même inh! Un ami détestait les math au détriment des arts et du graphisme aujourd’hui il est fier plus qu’un matheux, je dirai, d’avoir choisir sa passion plus tôt que se soumettre aveuglement au système qui ne correspondait pas à sa vocation! Et je suis tout autant émerveiller devant ses œuvres d’aujourd’hui.
« En quoi la lumière des autres m’empêche-t-elle de briller moi aussi ? » La réponse à cette question chère c’est : ‘’L’IGNORANCE’’
« ‘’La honte du succès’’ » Tu as trouvé le qualificatif idéale chère Laury, je me suis trouvé plusieurs fois complexé, coincé par celui-ci. Personnellement heureux je suis d’avoir brisé le mur! A défaut de l’orgueil on se trouve comme excuse « la discrétion » sourire… Mais la vérité est là, notre peur la plus profonde n’est pas d’être inadaptés mais d’être puissants au delà de toute mesure. C’est notre lumière, pas notre ombre qui nous fait le plus peur ! Jouer petit ne sert pas le monde et il n’y a rien de glorieux à jouer petit pour éviter de gêner les autres. Nous sommes tous sans exception fait pour briller depuis l’enfance, nous tous. ET comme tu le dis si bien chère Laury c’est en laissant notre lumière briller que nous donnerons la permission aux autres d’en faire autant !
Briller c’est légitime!