De l’importance de dire et de nommer les choses

Je vais être un peu radicale ce matin : ce que l’on ne nomme pas n’existe pas.

On nomme ce qui compte pour nous.

Avez-vous remarqué que ce à quoi on accorde de l’importance a toujours un nom ? On crée un objet, une entreprise, une marque : on lui donne un nom. On découvre une nouvelle espèce de plante : on la nomme. On identifie une maladie : elle a un nom.

Selon les pays, les cultures, les langues et la réalité à laquelle nous faisons face, certaines choses seront nommées et d’autres non. Observez ceci : en français, les flocons blancs et légers qui tombent du ciel s’appellent NEIGE. Chez les Inuits, il y a au moins une douzaine de mots pour désigner la neige selon qu’elle soit au sol, qu’elle soit en train de tomber, qu’elle soit potable, épaisse, molle, fine… Le français n’accorde aucune importance à ces différences et ne prendra donc pas la peine de les nommer. En général, on entend juste « Oh ! il neige ! » quand il y a quelques minuscules flocons et « J’en ai marre de cette neige ! » quand elle commence à bloquer les routes et les voies de train. Haha. Autrement, on s’en fiche un peu.

Nommer, c’est donner le droit d’exister, c’est rendre visible.

Autre exemple. Regardons ces pathologies nommées ces dernières décennies : la dépression, le burn-out, le problème de la charge mentale. Est-ce-que cela n’a jamais existé auparavant ? Bien sûr que si ! Mais comme ces choses n’avaient pas été nommées, on pouvait toujours les nier. D’ailleurs, pas sûre que ces pathologies soient nommées ailleurs que dans les sociétés occidentales même si elles y sont peut-être présentes.

Qu’est-ce-que cela nous apprend ? La parole amène à l’existence des choses que nous n’avions pas identifiées en tant que telles. Ce dont on ne parle pas n’existe pas dans l’imaginaire collectif.


Dès cet instant, comment pouvons-nous prétendre résoudre des problématiques dont nous n’osons à peine parler ? 

J’ai compris une chose : la parole libère, dédramatise, désacralise.

La parole vient mettre un coup de projecteur et aide à voir clairement.

La parole chasse les tabous et les meurtrissures enfouies.

La parole prend un petit bout de noirceur et lui dit : « Je te vois, je sais que tu es là, je te donne le droit d’exister ». Et, bon sang, c’est tout ce qui compte en fait !

J’avais lu quelque part que « Tout ce que l’on n’exprime pas, s’imprime » (dans le corps notamment). Les non-dits qui deviennent maladies sont chose courante.

Je rajouterais à ceci : Tout ce que l’on ne laisse pas exister, insiste.

Il insiste, insiste, insiste encore ; jusqu’à l’explosion.

With LauuV’…


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